L’huile de Sapote ou Zapote

J’avais abordé rapidement Pouteria Sapota sur le livres des huiles végétales car cette huile de sapote était difficile à trouver. Aujourd’hui elle commence à se vulgariser en France et nous pouvons nous y penché plus sérieusement.

Pouteria sapota

Noms Botaniques

Comme toutes les grandes huiles qui ont une influence sur la culture et les traditions, il faut débusquer l’huile de Sapote sous de nombreux vocables suivant les régions. Même sa description botanique a donné lieu à de nombreuses appellations latines.

En Europe, aujourd’hui on utilise pour cette plante des Caraïbes l’appellation de Pouteria sapota (Jacq.) H.E.Moore & Stearn, 1967.

Aublet le classait dans les Achras et c’est sous ce nom qu’il est resté connu dans d’autres régions :
Achras tchicomame Perr. donnant le nom commun de Chico-mamei pour la Malaisie et les Philippines et on distingue deux variétés :

– chico sapote ou sapote (Achras sapote L.)
– chico mauiey or chico ( Lucuma mamosa Gaert).

En Amérique centrale, le Mamey tree donne aussi son nom a l’huile : Mamey seed oil

Au Salvador, on parle de Zapote provenant de Lucuma mamosa ou de zapote grande. En Colombie c’est la zapote de carne. A Cuba, on revient au nom de Mamey (toujours par confusion avec Mammea americana L. De même au Panama le nom est mamey de la tierra. A Tahiti, c’est le sapotier jaune d’oeuf ou grand sapotillier. La fabrication dans la région et notamment à Cuba d’un lait crémeux donne le nom en Guadeloupe de sapote à crème. Au Mexique on se rapproche du nom d’origine Aztèque « tetzonzápotl » pour donner chachaas, chachalhaas ou tezonzapote .

Les noix décortiquées (zapoyotas, sapuyules ou sapuyulos) se retrouvent sur les marchés. La noix est bouillie, torréfiée et mélangée avec du cacao pour faire du chocolat.

Au Costa Rica et dans le sud du Méxique on l’a fait fermenté avec du maïs, du sucre et de la cannelle pour en faire une boisson alcoolisée.

Les couleurs varient aussi pour le fruit du rouge au noir en passant par le jaune.

Jamieson en 1943 retrouve dans les noms antérieurs Sideroylum sapotum, Achras mammose, Lucuma mamose et Vitellaria mammosa pour en arriver au nom qu’il retient et qu’on retrouve encore aujourd’hui Calocarpum mamosum

Notes :
-Vitellia en latin c’est le jaune d’oeuf et c’est aussi un des nom latin du karité. Come le karité et l’argan, le sapote est un arbre de la famille des sapotacées.

Composition

Jamieson nous donne la composition suivante

Acides Gras Insaturés 63.73%

Acides Gras Saturés 30.37%

Insapos 1.39%

Indice d’iode 70.2

Indice de saponification 189.5

Mensier nous donne des résultats un peu différents :

Acide laurique 1.6%
Acide myristique 6.2%
Acide palmitique 12.6 %
Acide stéarique 12%
Acide oléique 66.2%
Acide linoléique 1.4%

Indice de saponification 205.4

Indice d’iode 59.8%

Applications de l’huile

Les noix sont données pour diurétiques et vermifuges.

L’huile est traditionnellement utilisée en soins pour la peau et pour les cheveux. Elle est sensée favoriser la repousse des cheveux (ce qui n’a pas été démontré) et plus certainement éviter la chute des cheveux lors de dermatite séborrhéique. Elle a en tout cas beaucoup de succès pour les cheveux de type africains.

Elle est très utilisée en médecine traditionnelle dans les Caraïbes.

D’une part, c’est un traitement contre les calculs rénaux et l’hypertension.

D’autre part, et c’est le plus intéressant aujourd’hui, c’est un calmant efficace général et vasodilatateur localement. L’effet en massage est très rapide et se constate même avec un massage facial. Avec son odeur incomparable, elle doit pouvoir entrer dans la composition de crèmes et il serait intéressant d’en rajouter en savonnerie artisanale à la trace en surgras. (Essai non effectué)

Attention à ne pas avaler : sa magnifique odeur d’amande amère nous rappelle le noyau d’abricot. La présence de glucosides permet la transformation en cyanure. On retombe dans la polémique autour des vertus anticancéreuses qui n’est pas d’actualité sur ce site.

A noter que l’écorce est astringente et fébrifuge et qu’elle fût utilisé en Algérie comme substitut du quinquina (Bernard Boulard).